CGT Canon

Le 13/10/2019

 

    

L’intensification de la charge de travail, les process de plus en plus compliqués et nombreux, le manque d’effectif et de perspective d’avenir pèsent au quotidien sur notre façon de travailler et peuvent conduire à créer des conditions de travail dégradées, voire un mal être pour les collaborateurs, et amener à des situations de Risques Psycho-Sociaux (RPS). Un cercle vicieux.


Le contexte économique difficile amène les employeurs à tenir une conduite de diminution drastique de leurs coûts de structure et de fonctionnement, mais aussi à réduire les effectifs en ne pérennisant pas les contrats précaires et en ne remplaçant pas les départs en retraite et les démissionnaires.


Une des conséquences de cette érosion humaine est notamment l’intensification du travail car les tâches sont réparties sur les collaborateurs en poste, qui doivent assumer une charge de travail toujours plus importante au détriment de la qualité et de leur santé. Et comme tout est urgent, on ne gère que des situations de crise jusqu’à… la crise de nerfs.


C’est le travail supplémentaire mais aussi le fait d’être contrarié voire empêché qui trouble le collaborateur forcé, à contre cœur, d’effectuer un travail d’une qualité moindre et qui se retrouve en perte de sens par rapport à ses propres valeurs.


Enfin, les collaborateurs les plus assidus et les plus efficaces sont souvent plus sollicités car connus pour travailler rapidement et correctement. Ainsi, chacun a tendance à s’appuyer sur ces bonnes recrues et à en user voire en abuser. Ces derniers voulant toujours bien faire, se trouvent dans une situation de mal être à devoir accepter ce surplus de travail. Car qui d’autre le fera ?


Au-delà du fait que le collaborateur est subordonné à son employeur, il craint d’être jugé, de ne pas se sentir fiable ou sérieux, compétent et efficace et de ne pas mériter son poste. La peur de l’échec est si forte qu’inconsciemment, le collaborateur cherche sans cesse à montrer ses capacités et à masquer ses faiblesses.


Ainsi, la peur d’entrer en conflit, la peur de déplaire ou de blesser, la peur de devoir se justifier ou s’excuser, la peur de culpabiliser et d’être rejeté nous empêchent trop souvent de nous opposer à la volonté de l’autre et à subir sans rien dire de nouvelles contraintes.


Tout ceci fait partie de certains mythes et croyances acquis par l’éducation, tout ceci résulte de la pression sociale du monde du travail et tout ceci est à « combattre ».


D'où la nécessité de savoir dire NON


Il est alors utile de savoir si en acceptant cette demande, vous êtes sûr que c'est bien de cette manière que vous êtes perçu. Et si au contraire, vous n'êtes pas vu comme une personne trop gentille, avec laquelle on est à peu près sûr que le travail sera fait sans avoir eu à négocier ?


Il s'agit alors de savoir quels autres leviers vous pouvez activer pour « coller à l'image » que vous voulez véhiculer et qui en même temps vous permettraient de fixer des limites.


Il faut surtout cesser de culpabiliser de ne pas pouvoir tout faire et tout accepter sous peine d’être jugé incompétent ; et il faut surtout aussi comprendre que le collaborateur qui se trouve tout en bas de l’échelle sociale dans l’entreprise, n’est pas responsable des (mauvaises) décisions prises par l’employeur, comme celles de réduire les effectifs et de complexifier les process.


De même, il incombe aux dirigeants de prendre toute la mesure des dysfonctionnements, des anomalies et de leurs conséquences sur les conditions de travail de leurs collaborateurs, afin de mettre en place les correctifs qui s’imposent et se doter des moyens pour y parvenir (recrutements, formations, optimisation de l ‘organisation des tâches, fluidité des process…).


Comment s’y prendre pour dire NON ?
Lorsque c'est nécessaire, il ne faut pas s’interdire de dire NON aux autres. Ce n’est pas malvenu ni même impoli. Dire non c’est s’estimer soi-même, se protéger et rester au plus près de ses valeurs. Il existe différentes façons de dire NON sans froisser l’autre, sans créer un malaise et même sans culpabiliser.


Dire NON, c’est prendre conscience de l’impact d'une tâche supplémentaire sur la qualité de son propre travail, c’est prendre conscience de sa propre charge, et c'est savoir se préserver.


Il existe de nombreuses méthodes pour savoir dire non ; elles ont été testées et elles fonctionnent.
Attention, il ne s’agit pas « d’envoyer sur les roses » toute personne qui viendra vous demander un service ou une nouvelle tâche, mais il s’agit de prioriser votre travail afin de garder le contrôle de votre quotidien et de vos obligations.
La méthode D. O. C., entre autres méthodes, pourrait vous y aider.


D. comme Distraction : demandez-vous si cette nouvelle tâche va vous détourner de votre travail habituel, si elle constitue une opportunité et si elle ne va pas venir vous polluer en vous éloignant de vos propres objectifs.
O. comme Objectif : demandez-vous si cette nouvelle demande va vous permettre de réaliser les objectifs que l’on vous a fixés. Cette demande constitue-t-elle une avancée pour l’entreprise, l’activité ou vos propres valeurs ?
C. comme Considération : demandez-vous si cette nouvelle tâche va vous apporter de nouvelles compétences qui pourront vous aider dans votre poste actuel, vous permettre de progresser dans votre travail et dans l’échelle sociale de l’entreprise, ou vous aider à parfaire votre développement personnel.


Enfin, si vous acceptez une tâche supplémentaire, questionnez votre interlocuteur pour définir avec lui le degré d’urgence pour la réaliser (« avez-vous une idée du délai pour réaliser cette tâche ? »). Parfois, certaines demandes sont estimées comme urgentes (tout est urgent), mais en discutant on se rend compte qu’elles peuvent souffrir un certain délai avant d'être réalisées.