Courbevoie, le 28 janvier 2004

 

2004

le profit à l’ordre du jour

et la régression sociale aussi…

 

Depuis quelques semaines et plus particulièrement depuis l’arrivée de M. Chrétien, au poste de D.R.H. Canon France, les relations avec les représentants du personnel se sont très vite dégradées. En effet, il n’a pas tardé à imposer un style autoritaire qui contraste radicalement avec son prédécesseur.

Si l’un des objectifs de la D.R.H. en 2004 est la communication, comme cela été indiqué lors de la réunion nationale, M. Chrétien prend sa mission au pied de la lettre.

Depuis deux mois, il communique avec les instances par lettres recommandées, entrave leur fonctionnement, ne respecte pas les accords d’entreprise, les traîne devant les tribunaux, prend partie à l’encontre de la CGT en adressant une note de service à l’encadrement afin de discréditer l’action des élus CGT. Bref, la chasse aux sorcières est à nouveau ouverte !

 

La direction rentre en guerre

Ne nous y trompons pas, aujourd’hui il serait simpliste de considérer qu’il s’agit d’une petite guéguerre entre la CGT et le nouveau D.R.H. Ce dont il est question, c’est de votre avenir, au sein de l’entreprise.

Les attaques de la direction sont à la hauteur du contre pouvoir que représente la CGT dans l’entreprise. Ainsi elle voudrait anéantir l’obstacle que nous représentons pour aisément effectuer les remises en cause qu’elle envisage de faire.

 

Quels sont les enjeux ?

Encore et toujours une histoire d’argent. La politique de Canon France est dictée par Canon Europa et celle-ci a le mérite d’être claire : du profit, encore du profit,  toujours du profit !

L’ensemble du projet " tri can " a pour vocation de mettre en place au sein du groupe Canon en Europe, une organisation, des moyens et un mode de fonctionnement commun à toutes les sociétés d’ici 2005. L’objectif est de réduire les charges liées aux structures et les frais de personnel afin de dégager, dès 2005, 3 % de bénéfices.

 

Pour se conformer aux orientations de Canon Europe, Canon France a procédé à des réorganisations et licenciements dans ses structures. C’est dans cette logique que certains services (atelier d’Honfleur) ou filiales ont été revendus (Canon Finance, CCB Guyane) car ils ne rentraient plus dans les schémas d’organisation définis par Canon Europa, justifié pudiquement par nos dirigeants comme un recentrage sur le  " cœur du métier ".

Pour concrétiser ces directives européennes, la direction Canon France est confrontée à la dure réalité du droit français et à une section syndicale active dans l’entreprise qui a à cœur de défendre les intérêts du personnel. N’ayant pas les coudées franches, la direction a trouvé comme solution la création des CBSC qui lui permet d’une part, de diviser le personnel tout en créant un cadre juridique plus favorable aux remises en cause.

On constate quotidiennement que Canon France a toujours la main mise sur les CBSC et que les P.-D.G. ne peuvent rien faire sans en référer à la direction du Canon France. Par contre, quand il s’agit de remettre en cause l’emploi ou les acquis, " l’autonomie " des P.-D.G. est largement mise en avant.

 

Contrairement aux affirmations de M. Grégoire, qui prétendait que la création des CBSC permettrait d’augmenter les bénéfices et que les salariés seraient couverts de participation, aujourd’hui rien n’est prouvé !

Par contre, le redressement fiscal dont fait l’objet Canon France est bien réel, ce qui démontre que les manipulations comptables sur les résultats que nous dénonçons sont bien fondées.

 

Prix de cession, le fisc réclame le juste prix…

Suite à un redressement fiscal essentiellement basé sur les marges commerciales, les agents du fisc ont mis en évidence que depuis 1994, l’ensemble des exercices auraient dû être bénéficiaires et il réclame à ce titre des millions d’euros à Canon. On se souvient qu’en 1996 les soit disant mauvais résultats avaient justifiés un plan de licenciement de près de 200 personnes. Pour le fisc, l’année 1996 est synonyme d’un bénéfice de 104 millions de francs. Pour cet exercice la direction avait déclaré une perte de 32 millions.

Le comble mis en évidence par les experts du C.E. est que les salariés pourraient prétendre à de la participation sur ces exercices ! Canon, entreprise citoyenne ?

 

On nous prend pour des imbéciles

Dans le même registre, en 2003, la direction évoquait un manque de rentabilité au niveau du groupe pour justifier le plan social de Canon France alors que parallèlement, Canon INC octroyait 300 € à tous les salariés du groupe pour fêter des résultats historiques. Dans cette dynamique, nous avons été heureux d’apprendre que Canon France était placée troisième filiale mondiale après les Etats Unis et le Japon, rien que ça. La communication, c’est comme les chiffres, ça se manipule !

 

Canon France sur un siège éjectable ?

Pour revenir à Canon France, qui est constitué aujourd’hui par le Siège, la plate-forme d’Honfleur et le réseau indirect, le démantèlement se poursuit…

L’avenir de la plate-forme d’Honfleur et des 50 salariés sera connu en juin. Concernant le Siège qui sort d’un plan de licenciement, le nettoyage se poursuivra d’ici 2005 avec la fermeture de plusieurs services et le repositionnement de certaines activités telles que l’export, la formation, l’informatique, etc. D’ores et déjà, la direction a sous le coude un projet de réorganisation du site de Courbevoie qu’elle s’apprête à dévoiler.

De toute façon, la pérennité de Canon France à moyen terme est incertaine. En effet, dans le cadre des négociations visant à mettre en place le Comité Central d’Entreprise au sein de l’UES Canon, le D.R.H. annonce la couleur et confirme nos craintes. Il veut que l’intitulé de cette instance soit " Comité Central des Etablissements " ce qui, au regard de la loi, correspond à l’appellation des sociétés dont le Siège est situé à l’étranger ! Un petit détail qui en dit long… Amsterdam n’est pas si loin.

 

La peur n’évite pas le danger

Aujourd’hui, les salariés n’ont rien à attendre de la part de nos dirigeants qui sont là pour défendre leurs intérêts et ceux des actionnaires et sont prêts à sacrifier les salariés sur l’autel du profit !

Dans ce contexte, une des responsabilité majeure de la CGT est d’appréhender la stratégie de l’entreprise à moyen terme afin d’en cerner les conséquences pour le personnel et de pouvoir réagir. En ce sens, le recours aux experts du C.E. et les procédures engagées par les instances (droit d’alerte) sont indispensables.

La direction est parfaitement consciente de notre capacité d’analyse et de nos moyens d’actions. Elle tente de masquer ses projets jusqu’au dernier moment afin d’éviter la mobilisation du personnel. Elle utilise dorénavant aisément le mensonge, la mauvaise foi, le discrédit, les pressions, la démagogie, tous les coups sont permis pour arriver à ses fins.

Quand la CGT avait soulevé la question de la cession de Canon Finance, des licenciements prévus par Canon Europa, la filialisation de l’IDF, etc. la direction jurait que c’était des fabulations de notre part…

 

 Quand la direction fait son marketing restons vigilants

Parallèlement au mépris que la direction affiche à l’égard des représentants et des revendications du personnel, elle est consciente du malaise ambiant et tente de jouer la convivialité auprès du personnel. A coups de réceptions, de cérémonies, de remise de médailles où le champagne coule à flot.

Tout le monde est beau, tout le monde est gentil.

La direction va même jusqu’à s’approprier le travail fait par vos élus CGT. Ainsi, M. Grégoire se vante du bon déroulement du plan social en oubliant d’indiquer qu’il aura fallu 6 mois de négociations pour arriver à des accords tel que celui des préretraites. Il en est de même pour le budget du C.E. des CBSC qui, après avoir été supprimé, a été obtenu grâce à l’action en justice des élus et non pas grâce à la bonne volonté de la direction comme il voudrait le laisser croire.

Dans ce contexte, la réalisation du tournoi multisports à l’Ile de Ré, compromise dans un premier temps, a finalement pu être réalisée. C’est sans complexe que M. Grégoire s’est s’invité pour faire du " public relation "…

 

L’esprit d’entreprise n’a pas la même valeur pour tout le monde

Aujourd’hui, l’esprit d’entreprise mis en avant par certains donneurs de leçons est certainement plus présent au niveau du personnel que de certains dirigeants.

Embauchés pour accomplir une mission, ils n’ont pas particulièrement d’attachement à l’entreprise, comme c’était le cas il y a plusieurs années. M. Parent, ex D.R.H. est resté 2 ans chez Canon. M. Chrétien après un passage éclair chez Alcatel, puis Néopost (d’où il a été débauché) a finalement proposé ses services " au plus offrant " à savoir Canon France. Jusqu’à quand ?

Pour l’anecdote, lorsque M. Chrétien s’est présenté aux membres du C.E., il a indiqué qu’il était avant tout " Directeur des Ressources Humaines " et que sa mission consistait à mettre en adéquation les ressources humaines avec les besoins de l’entreprise. En un mot, il confirme bien que la fonction de D.R.H. n’est pas une fonction à vocation sociale !

Ainsi, il a bien intégré la logique économique qui impose des règles dévalorisantes pour la personne humaine où le salarié est considéré en fonction de la contribution qu’il apporte à la réalisation du profit.

 

Dans cette jungle du " business " où des valeurs essentielles telle que la dignité sont remises en cause, la CGT se bat pour que les salariés soient respectés dans leurs droits et que l’outil de travail qu’est l’entreprise soit préservé.

 

L’action paye.

C’est dans cette logique et pour pallier au démantèlement de l’entreprise que la CGT a tout mis en œuvre pour que l’UES soit reconnue et que la cohésion sociale entre Canon France et les CBSC demeure.

Dans le cadre des élections C.E. et D.P. qui ont eu lieu dans les CBSC de province, les salariés conscients des enjeux ont relevé le défi et se sont présentés massivement sur les listes CGT.

Le résultat a été cinglant pour la direction et tous ses calculs et manœuvres pour casser le rapport de force ont volés en éclat. En effet, la CGT a été confirmée première centrale syndicale avec près de 70 élus.

 

Prochainement et conformément aux dispositions légales, le Comité Central d’Entreprise doit être mis en place et regroupera des élus des C.E. de tous les CBSC et de Canon France et jouera demain le rôle du C.E. unique pour l’ensemble du personnel de l’UES.

La CGT aborde l’année 2004 avec un esprit combatif, car les échéances à venir sont importantes. La hargne que déploie la direction à notre égard laisse présager de l’importance de ses projets.

 

La meilleure garantie pour défendre nos emplois et nos acquis repose sur la solidarité et l’union de tous les salariés et c’est avec l’action et l’unité syndicale que nous ferons valoir nos droits.