Le 18/02/2020 |
Le lien CGT Canon N 60 |
Le 05 février dernier, le TOP EMPLOYERS INSTITUTE a récompensé CANON FRANCE pour ses pratiques RH innovantes et engagées. C’est donc avec fierté que notre DRH a reçu son trophée des mains de la ministre du Travail Muriel PENICAUD. Nous pouvons lire sur le site de cet institut que « CANON France SAS offre des conditions exceptionnelles à ses salariés, cultive et développe les talents à tous les niveaux de l’organisation et s’avère être un leader en matière de ressources humaines, s’efforçant d’optimiser sans cesse ses pratiques » (Source site TOP EMPLOYERS). Créé en 1991 par David PLINK, un hollandais, TOP EMPLOYERS INSTITUTE en France est basé à Rueil Malmaison depuis 2013. Son activité de soutien aux entreprises a pour objectif essentiel « d’avoir un impact positif sur les vies des entreprises certifiées, d’accélérer l’impact des stratégies RH pour améliorer le monde du travail » (source Le Parisien). C’est ainsi que CANON France rejoint ce cercle très fermé en étant notamment récompensé pour sa politique RH « volontaire et progressiste », « sa dynamique dans la gestion des talents » et « son engagement en faveur de l’égalité professionnelle, la mixité et l’intégration ». Et ce, au même titre que France Télécom, tristement célèbre pour sa gestion du personnel catastrophique il y a quelques années (35 suicides), mais détenteur du titre depuis 2009 ou AMAZON France, pourtant régulièrement critiqué pour ses conditions de travail (surveillance permanente, fouilles au corps, cadence épuisante...). Mais à quoi cela sert-il finalement ? Comment cette certification est-elle obtenue ? D’abord, nous ne nous étonnerons pas de voir la Ministre du Travail d’un gouvernement de Droite Libérale remettre ce titre personnellement, tant la collusion entre Pouvoir Politique et grandes entreprises, au détriment du bien commun, est forte aujourd’hui. Pour le TOP EMPLOYERS INSTITUTE, CANON France a dû se soumettre à une étude portant sur 600 items ayant trait aux conditions de travail dans l’entreprise, puis un audit interne (Your Voice ?) et externe est réalisé pour vérification des données fournies par le candidat. Puis enfin, une certification est attribuée si le candidat répond aux normes internationales requises pour être certifié. Tout
ceci semble bien nébuleux mais, surtout, pas gratuit puisque le
ticket d’entrée minimum est de 17 500 € par an
(selon M. Modiano, Senior Account Manager à TOP EMPLOYER
INSTITUTE). En cette période de réduction des coûts et
de suppressions de postes, cela pique un peu les yeux
! Et que dire du temps passé et des ressources
internes mobilisées ! Alors que les demandes
d’informations faites par le CSE restent souvent sans réponse
faute de de ressources RH, comme par exemple : Donc à part s’autocongratuler et réaliser une opération de communication pour CANON, ce titre ne sert à rien ; les collaborateurs ne seront pas dupes. Leur quotidien ne va pas changer, ils auront toujours les mêmes problématiques de charge de travail, de process complexes et « handicapants », une absence de reconnaissance criante pour le travail accompli et un manque de considération. Par
sa soi-disant politique RH volontaire et progressiste, CANON
France s’est-il engagé à ne plus procéder à un abattage
systématique des collaborateurs à travers des plans de départs
volontaires (-146 postes) ou autres réorganisations
(Shakespeare, GO FORWARD, Kaizen…) visant à éliminer des
moyens et des talents comme par exemple, les BDM et les
Experts Projets tout en risquant d’impacter gravement les
conditions de travail des commerciaux et impacter le business
? NON ! Et concernant sa dynamique dans la gestion des talents, CANON France s’est-il engagé à reconnaître davantage de talents dans son vivier de collaborateurs, à les promouvoir et à les rémunérer à la hauteur du travail accompli ? NON ! CANON France s’est-il aussi engagé dans une véritable politique de formation de ses collaborateurs en ne rognant pas encore une fois sur le budget de la formation qui passe de 380 000 euros en 2019 à 300 000 euros pour 2020 ! NON ! Par ailleurs, CANON France va-t-il enfin mettre les moyens pour rendre le parcours de formation plus attractif (bilans de compétences : 0 en 2019, VAE : 3 en 2019 et aucune demande de financement pour des formations longues durée - source Bilan GEPP 2019) ? NON ! Enfin, l’abandon du programme CAMPUS pour des raisons financières traduit parfaitement le niveau d’engagement de CANON vis-à-vis de l’ascension professionnelle de ses collaborateurs. Pour son engagement en faveur de l’égalité professionnelle, la mixité et l’intégration, CANON France a-t-il prévu de réduire les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes cadres et assimilés cadres ? NON ! Il subsiste à ce jour en effet, une forte disparité pour ces catégories en termes de salaire annuel brut moyen sur 12 mois (au 31/12/2019 : cadres hommes 6 153 €-femmes 5 288€ - assimilés cadres hommes 3 751 € - femmes 3 126 € - source rapport NAO). Même si la direction fait état, dans son rapport NAO 2020, de 29 régularisations au titre de l’année 2019, aucun détail n’a été communiqué quant aux populations concernées. CANON France s’engage-t-il à nommer davantage de femmes aux postes de cadres et au COMEX ? NON ! Car selon le dernier rapport NAO, seules 167 femmes sont cadres contres 487 hommes ! Canon s’engage-t-il à étendre le télétravail régulier aux personnels de Business Ops ? NON ! A engager une véritable politique de Qualité de Vie au Travail en ne se contentant pas d’un simple accord sur la déconnexion ? NON ! En formant correctement les nouveaux entrants (CDD, Intérimaires…) ? NON ! Ils sont souvent « lâchés » trop tôt sur des tâches exigeantes, des process pointus et toujours dans l’urgence. Enfin, CANON France s’engage-t-il à prendre en compte la souffrance de ses collaborateurs en mettant en place une véritable politique de prise en charge des Risques Psycho-Sociaux ? NON ! En ne faisant pas appel d’une décision de la CPAM reconnaissant la qualification d’accident du travail suite au décès d’un de ses collaborateurs ? NON ! En prenant en compte les conditions de travail dégradées de nos collègues de la formation à Colombes ? NON ! En fluidifiant les process et en pérennisant les postes OM/OKS ? NON, toujours NON ! Selon Vincent BINETRUY, directeur de TOP EMPLOYERS INSTITUTE France, « Il ne s’agit ici que de permettre aux entreprises de se comparer aux autres », il s’agit aussi de cultiver « la marque employeur » pour attirer de nouveaux talents (même si cela ne garantit rien) et de satisfaire les égos de nos élites… et les rémunérations des « consultants ». Alors, pas de quoi pavoiser !
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