Le DIALOGUE SOCIAL
chez CANON France :
UNE SOLUTION À LA CRISE DE L'EMPLOI ?
« Fin 2021 et début 2022, en France, le nombre de démissions a atteint un niveau historiquement haut, avec près de 520 000 démissions par trimestre, dont 470 000 démissions de CDI ». D’après la DARES, « ces chiffres n’ont rien d’exceptionnel. Le taux de démission atteint certes 2,7 % au 1er trimestre 2022 mais reste inférieur aux chiffres observés lors de la crise de 2008 ».
On ne peut donc pas parler de « grande démission » même si de nombreux postes sont laissés vacants car les entreprises ont du mal à recruter faute de profils adéquats. Cette tendance à quitter son poste a été largement encouragée par l’Exécutif qui a facilité les ruptures conventionnelles. De plus, la crise du Covid a exacerbé cette tendance. Les salariés veulent trouver un sens à leur travail et, surtout, un sens à leur vie. Les entreprises semblent ne plus arriver à satisfaire les besoins des salariés car trop tournées vers la course au profit, à la profitabilité, et cela au détriment des aspirations des salariés.
Ce phénomène, observé depuis 2019, témoigne avant tout d’un profond malaise dans le rapport des salariés à leur travail. Ce qui émerge de ces réflexions, c’est l’épineux sujet des conditions de travail. Créer un environnement de travail sécure et permettre au salarié d’y voir des perspectives de carrière, avoir une véritable politique de rémunération basée sur la reconnaissance du travail accompli, le respect entre vie pro et vie perso, des accords d’entreprise créant de nouveaux droits pour tous… c’est cet ensemble qui fait toute la différence !
Les entreprises éloignées de ces préoccupations peinent à recruter générant une charge de travail plus forte sur les salariés restants et, par conséquent, de nouveaux risques psychosociaux. Clairement, le pouvoir s’est inversé : ce sont les candidats au recrutement qui posent leurs conditions et l’employeur qui doit « se vendre » pour attirer les talents.
Face à ce constat, c’est toute la politique RH et managériale qui doit changer. Il est nécessaire et vital de remettre l’humain au cœur du projet. Instaurer un management plus collaboratif et un mode de fonctionnement basé sur la confiance et l’accompagnement des salariés correspondrait davantage aux attentes des salariés en postes mais aussi aux postulants et surtout à la vision qu’ont les jeunes d’une entreprise moderne. C’est cela aussi le dialogue social !
Mais on remarque que les programmes universitaires RH sont plutôt axés sur le disciplinaire, la gestion des PSE et, disons-le clairement, la capacité à canaliser les syndicats ; l’humain semble passer au second plan et ne semble donner guère de perspectives !
A l’heure où les termes « dialogue social », « partenaires sociaux » ou « négociations » sont scandés à toutes les sauces par le Gouvernement comme « solution » à bon nombre de problématiques, sur le terrain, nous, élus, vivons une réalité bien différente !
Pourtant, en tant que syndicat et élus du CSE, nous avons tout notre rôle à jouer pour impulser une vision du dialogue social tournée vers le progrès social, la valorisation du travail et l’épanouissement dans le cadre professionnel, à condition que ce rôle puisse pleinement s’exercer dans les entreprises, à la table des négociations notamment.
Devons-nous dire que les employeurs n’auront pas d’autre choix que de valoriser la communication avec les organisations syndicales ? Et de considérer la négociation comme levier pour sortir de cette « crise » ?
Certainement ! Mais encore faudrait-il vouloir remettre les organisations syndicales au cœur du sujet en leur donnant les moyens d’agir et en leur laissant toute leur place. Alors que les ordonnances Macron et les lois Travail ont largement contribué à rogner les moyens des IRP, les syndicats doivent saisir l’opportunité de contribuer à l’amélioration des conditions de travail en incitant à revoir les accords QVT, GEPP, et à négocier des moyens de contrôle internes pour en valider le respect. Les conditions de travail représentent l’axe essentiel du bien-être au travail mais leur amélioration est bien compliquée depuis la fusion des instances et la disparition des CHSCT. Tout repose désormais sur les élus du CSE !
Quant à la direction de CANON, elle doit remettre une vraie écoute au cœur du dialogue social, prendre en compte les propositions, donner des moyens d’actions et cesser de considérer l’instance du CSE comme une simple chambre d’enregistrement.
Utopique ? non, juste du bon sens !
Créer un environnement de travail propice, donner des perspectives et d’épanouissement professionnel, la question des conditions de travail est plus que jamais au cœur du sujet face à la fatigue générale des salariés.
Et il y a urgence chez CANON France !