La CGT Canon

Politique Sociale
Volet rémunération

Condensé du rapport de l’expert du CSE et autres commentaires, suite à la consultation du CSE :

La procédure d’information et consultation du CSE sur la politique sociale se poursuit. L’expert choisi par les élus a présenté son rapport lors du CSE de janvier.

Le calendrier social étant ainsi fait, les données salariales et sociales concernent l’exercice 2023, ce qui ne donne pas une vision à jour de la situation. Depuis, le plan MERCURE a modifié le paysage social de Canon et l’instauration de la Nouvelle Convention Collective de la Métallurgie a bouleversé la classification des salariés et, pour certains d’entre eux, leur rémunération. Afin de réduire ce décalage et de bénéficier de données plus actuelles, une modification du calendrier social sera bientôt discutée pour réduire le délai entre présentation du rapport et réalité du terrain.

Une fois de plus, l’expert du CSE dénonce la rétention d’information faite par la direction sur des données de 2023 qui sont pourtant disponibles mais stratégiques. La même remarque émanait déjà, les années précédentes, du cabinet SECAFI (ancien expert du CSE) qui avait du mal à collecter les données nécessaires à son analyse. Nous espérons une direction plus coopérante lors des prochaines consultations.

L’expert constate que CANON France a perdu 16% de ses effectifs toutes catégories confondues en 2023. La catégorie cadre est largement impactée à -54%, même si la baisse s’est davantage concentrée sur la BU DP&S. Quant aux agences régionales (pardon… centres d’affaires) elles ont été très impactées par les suppressions de postes, celles de Nice (-55%) et de Dijon (-47%) notamment.

Quant aux alternants, jadis plébiscités, leur nombre a fondu comme neige au soleil. Utilisés pour combler des postes vacants où ils accomplissaient moultes tâches pour une rémunération symbolique, leur seuil chez CANON est inférieur à 5% des effectifs. Cela pourrait entrainer le versement par Canon d’une contribution supplémentaire à l’apprentissage (une sorte de sanction). Est-ce un choix de CANON ou une difficulté à recruter pour des missions peu attractives ?

On ne vous apprendra rien en disant que la population de Canon est vieillissante, toutes catégories confondues, mis à part les employés qui ont un turnover très élevé, et que la tranche des + de 55 ans a augmenté (eh oui, il va falloir faire avec !).

Les techniciens de DP&S sont la population la plus vieillissante de CANON. Malgré les recrutements visant à « rajeunir » les effectifs, la tendance n’aura pas réussi à s’inverser. Reste à voir ce que 2024 donnera mais les quinquas sont coriaces !

Avec des plans et des restructurations à la chaîne, des cessions de contrats aux FAC SIMILE, de l’externalisation croissante des tâches (10,7% de l’activité) et 70% de l’activité technique sous-traitée, on se demande quelle est la stratégie de CANON France (y en a-t-il une ?). Décroissance sur certains métiers ?  Fermeture d’une BU ?  La conclusion de vos élus est que de stratégie, il n’y en a point !  Mais sur quel terrain veut-on emmener les salariés de CANON dans un avenir plus ou moins proche ?

Le nouvel accord GEPP reste insuffisant en termes d’évolution professionnelle et ne donne pas assez de perspectives de carrière, sauf à… aller voir ailleurs ou partir en retraite ou pré-retraite, grâce à des mesures probantes en termes de mobilité externe.

Quant à l’évolution des salaires, elle interroge sur la progressivité de la grille notamment entre employés et agent de maîtrise où la différence n’est pas significative (données de 2023, donc avant la nouvelle classification).

Entre catégories, il y a peu de différence chez les cadres même si parfois une catégorie inférieure affiche un salaire supérieur. A noter que les catégories Cadre les plus basses (II125 & II130) ne bénéficient pas d’une progressivité importante de leur rémunération moyenne. A revoir lors des NAO !

En moyenne, en 2023, les salariés ont bénéficié d’une augmentation de 5,3% en termes d’évolution salariale et promotionnelle et 17 % ont été promus.

Pour 1 salarié sur 2 l’augmentation de salaire a été inférieure au taux d’inflation en 2022 et 2023, ce qui a entrainé une baisse du pouvoir d’achat des salariés de CANON France en 2024. C’est pourquoi, il devient urgent de renverser la tendance lors des NAO 2025. Nous demanderons donc des augmentations supérieures à l’inflation pour rattraper ce manque.

Si 1 salarié sur 4 a bénéficié d’une augmentation individuelle moyenne de 6%, ce sont les plus jeunes qui ont eu les plus fortes augmentations. Car c’est bien connu, les anciens gagnent trop !  En plus, ils sont… anciens.

Les femmes, plus jeunes et avec moins d’ancienneté que les hommes, ont bénéficié d’une augmentation plus forte, sans doute pour avoir un index égalité plus présentable en 2025. Les salariés des fonctions support (40% des effectifs) ont bénéficié d’augmentations plus importantes que les autres fonctions en 2023. On constate également des disparités d’augmentations flagrantes entre les centres d’affaires et les autres établissements.

C’est au sein d’ITCG que le pourcentage moyen d’augmentation est le plus élevé (7,8%) pour 32% de bénéficiaires. En revanche, chez DP&S, 23% des salariés ont bénéficié d’une mesure individuelle pour une augmentation moyenne de 6,6%.

Quant à l’évaluation annuelle (EAE), elle n’est généralement pas prise en compte pour l’attribution des augmentations salariales, ce qui est un non-sens ! De plus, le nouvel EAE mis en place pour 2025 introduit la notion, très subjective, de Savoir-Être, ce qui questionne en termes d’objectivité de l’évaluation et de l’évaluateur.

On constate également que les cadres ont été moins promus en 2023, cela justifie en partie le malaise grandissant observé depuis des années au sein de cette population.

En 2023, le nombre de femmes promues est supérieur à celui des hommes et un peu plus élevé chez ITCG pour les fonctions support. Chez CANON France, la chute du montant de certaines primes (ancienneté, primes projet) et la diminution du nombre d’heures supplémentaires, ont fait baisser le montant de la rémunération totale en 2023. Donc, le salaire de base a augmenté plus vite que la rémunération totale, mais 13% des salariés ont vu leur rémunération baisser en 2023. Ce taux est d’ailleurs beaucoup plus élevé pour les cadres (18%) et les assimilés cadres (24%) que pour les agents de maîtrise (4%). Quid de 2024 avec l’instauration de la nouvelle CCN ?

 

La dégradation des salaires est généralisée

Les salaires des cadres et professions intermédiaires n’ont évolué que d’environ 4 points, en euros constants, entre 1996 et 2021. Les salaires des catégories employées et ouvrières, quant à eux, ont augmenté d’environ 16 points sur la même base (INSEE). Pourquoi ?  Car les cadres et professions intermédiaires sont systématiquement renvoyé·es à des augmentations individuelles de rémunération. Conséquence ?  Le tassement des salaires, et le nivellement vers le bas de toutes les grilles de rémunération.

source : UGICT - CGT

 

Une fois encore, 29 salariés ont vu leur rémunération brute réajustée au titre du minima conventionnel ce qui est choquant pour une entreprise telle que Canon, qui se veut attractive et se prétend « Top Employer » en France. Pour couronner le tout, le pourcentage de bénéficiaires de la prime technique et les montants moyens versés à ce titre se sont réduits notablement en 2023 (2022 à 1583 VS en 2023 à 1453).

En conclusion, et malgré une Direction rétive à fournir les datas nécessaires, l’analyse est limpide mais alarmante. Nous ne pouvons que nous inquiéter de voir notre entreprise, dénuée d’une stratégie claire, forte et progressiste, vieillir, perdre de son attractivité financière par une politique de rémunérations toujours « moins-disantes », et ce, malgré une masse salariale en forte décroissance. Même les populations cadres, majoritaires chez CANON et habituellement préservées, souffrent de la situation. Et ce ne sont pas les modifications de la convention de la métallurgie et les plans RELANCE et MERCURE qui arrangeront les choses… On peut malheureusement craindre que le prochain rapport de l’expert du CSE dresse un bilan tout aussi déprimant en 2025 !

Avis du CSE

Source : JDS LES EXPERTS Canon France – Politique sociale volet 1 – janvier 2025.