La CGT Canon

Un seul être lui manque...

…et c’est tout Canon qui semble dépeuplé !

Alors que les premières canicules pointent le bout de leur nez et que le déconfinement se poursuit, les collaborateurs du siège et des sites d’Ile de France ont été invités à regagner progressivement leurs postes de travail. C’est ce moment si pénible dans les transports (est-ce un hasard ?) qu’a choisi la Direction de CANON France pour imposer sa décision.

En effet, depuis le 22 juin dernier, les collaborateurs sont invités à reprendre possession de leur espace de travail au moins 2 jours par semaine afin de renouer le contact avec leurs collègues. La reprise qui se veut progressive devrait conduire à un retour à la normale, en présentiel, d’ici quelques semaines.

C’est aussi dans ce contexte que la Direction de CANON France a choisi d’organiser à distance des Ateliers RH, les 17 et 24 juin derniers sur le thème “Travailler en période de Pandémie” pour expliquer aux collaborateurs que télétravailler comporte des risques !
Comment ?  
Télétravailler comporte des risques ?!!!

Pour donner du crédit à sa démarche, la Direction s’est fait accompagner du médecin du Travail et d’une psychologue du Travail d’Horizon Santé qui a déroulé sa présentation à des collaborateurs très certainement médusés, derrière leur ordinateur, d’entendre que cette pratique instaurée depuis des mois et plutôt bien acceptée chez la plupart des "Canoniens", serait po-ten-tiel-le-ment dangereuse pour leur santé mentale !

Par contre, faire revenir des collaborateurs sur site par forte chaleur, y compris quand cela implique des trajets longs et dans des conditions difficiles, ne semble pas dangereux pour la santé et ne soulève aucune préoccupation particulière de la part de la Direction de CANON France !   Il faut dire que le quartier vaut le détour !   Entre bagarres entre dealers de cigarettes à Clignancourt et mendicité des drogués au crack dans le tram, sachant bien entendu que chacun a sa place dans la société, l’ambiance est assurée !   Le tout sans oublier l’air si pur du périphérique parisien et les risques de contamination au COVID-19, encore bien présent et particulièrement redoutable du fait de la promiscuité dans les transports en commun. Il est clair que pour nombre d'entre nous, ce sont des aspects du retour à la normale dont on se serait encore bien passé pour quelques temps !

Ceci dit, pour certains collaborateurs ayant évoqué leurs difficultés à télétravailler, vouloir se déplacer à nouveau au siège pour fuir des situations familiales tendues, des habitations exiguës dans lesquelles il est difficile de trouver sa place pour travailler sereinement et confortablement, ou tout simplement pour rompre un peu l’isolement, il est tout à fait compréhensible de préférer se déplacer sur site plutôt que de rester chez soi.

Mais en termes de convivialité, il y a mieux que l’atmosphère d’ORA en ce moment. Les collègues ne sont pas tous présents en même temps pour les raisons sanitaires que nous connaissons et il est difficile de trouver ses marques.

S’agissant de l’épineux problème de la garde d’enfants, au départ, la Direction de CANON France avait balisé l’accord, puis la charte, en décorrélant le télétravail de la garde d’enfant, estimant à juste titre que les deux activités ne sont pas compatibles. Effectivement, devoir télétravailler tout en gardant ses enfants pendant le confinement a souvent relevé de l’exploit de la part des parents !

Par ailleurs, si la Direction veut prendre cet argument pour limiter le télétravail, la moyenne d’âge chez CANON France étant de 48,6 ans, et même si le modèle social est en profonde mutation depuis quelques décennies, ces cas ne représentent pas une majorité.

Est-il nécessaire cependant, de rappeler que la crise que nous avons tous vécue reste exceptionnelle et d’une ampleur inédite à ce jour ?   Et nous espérons tous, bien évidemment, ne pas avoir à revivre cela.

Mais n’avons-nous pour autant pas relevé le défi en prouvant que nous pouvions y arriver, que nous nous savons nous adapter et que la plupart de nos activités et les outils dont nous disposons sont compatibles avec le travail à distance ?

En effet, est-il nécessaire de rappeler que pour la plupart des collaborateurs, le télétravail a été, au contraire, très largement plébiscité et apprécié ?

CANON France en a d’ailleurs largement profité car, rappelons-le, le télétravail a permis à ceux qui n’étaient pas en activité partielle totale de saisir les commandes, facturer, permettre les livraisons, dépanner les matériels, résoudre des litiges, etc.

Pour montrer que la Société elle-même a emboîté le pas d’une profonde mutation sur la façon de travailler, une étude de 2016 réalisée au niveau national montrait déjà que la plupart des français en activité appréciaient le télétravail et aimeraient vivement qu’il soit étendu. 70% estimaient que le télétravail est bon pour leur rythme de vie dont 74% de femmes et 77% de Franciliens.

A l’heure où CANON France et les partenaires sociaux s’apprêtent à renégocier l’accord égalité professionnelle, cet aspect devrait être pris en compte. Si 55% des Français estiment que c’est bon pour la productivité et pour les entreprises et que l’efficacité au travail est renforcée, 83% des Franciliens reconnaissent l’impact sur la réduction des embouteillages (démarche de développement durable chère à CANON) et 85% apprécient la flexibilité des horaires. (Etude IPSOS et Révolution @work).

Après plusieurs semaines de confinement, 62% des Français souhaitent que le télétravail soit étendu contre 12% qui sont impatients de retrouver un rythme de travail normal. Alors que 41% estiment que leur entreprise a une culture du présentéisme trop importante et que leur employeur pourrait leur refuser le télétravail par manque de confiance, 55% des français pensent que leur entreprise sera favorable. (sondage DESKEO réalisé du 02 au 08 avril 2020).

CANON France déciderait d’aller à contre-courant ?

Si nous allons plus loin, se posera alors le vaste sujet des mètres carrés des locaux à rentabiliser. Mais nous aurons largement l’occasion de revenir sur ce sujet prochainement.

Si nous voulons progresser en toute sécurité sur le travail à distance, les problématiques de respect des espaces physiques et temporels doivent désormais appeler notre plus grande vigilance, car le droit du travail s’applique à tous les salariés dans l’exercice de leurs fonctions, qu’elles soient en présentiel ou à distance.

Le droit à la déconnexion, entre autres, s’il est respecté, favorise une bonne articulation entre la vie professionnelle et personnelle, et l’instauration de plages horaires encadre les journées de travail en limitant l’hyperconnexion. En cas de non-respect, les risques sur la santé mentale et physique sont certains et nécessitent la plus grande attention de la part de tous, Ressources Humaines, service de Santé au Travail, management et collègues.

Enfin, cette période d’isolement forcé a permis à certains de mener des réflexions sur leur mode de vie, d’établir un bilan et d’en tirer des enseignements. Certains collaborateurs se sont rendu compte que le style de vie métro-boulot-dodo ne convient plus. Ils souhaiteraient pouvoir mieux concilier vie pro et vie privée et certains ont même pensé à quitter la ville pour la campagne, vivre en province, changer de métier, quitter CANON et renouer avec leur nature profonde. Ceux-là ne doivent pas être mis de côté et doivent susciter l’attention de l’encadrement et sa « bienveillance ». Les risques de démotivation et de découragement pourront se faire sentir dans les jours, semaines ou les mois à venir. Il serait dommage de perdre encore des compétences alors que la solution existe et qu’elle a largement prouvé son efficacité.

Ainsi, La CGT CANON France souhaite emboîter le pas du changement des mentalités et enjoindre la Direction à suivre le mouvement sans plus tarder, en ouvrant des négociations visant à aboutir à un accord de télétravail encadré, établissant des normes, étendu et surtout gagnant-gagnant.

C’est pourquoi la CGT CANON France préconise un accord télétravail sur les bases suivantes :
- le télétravail sur la base du volontariat avec possibilité pour le collaborateur d’y mettre fin ou d’y adhérer à tout moment
- l’extension du nombre de jours de télétravail à 2 voire 3 jours
- la mise à disposition par CANON France des matériels nécessaires à l’activité (imprimantes, scanner)
- la mise à disposition par CANON France du mobilier de bureau nécessaire à la préservation de la santé physique des collaborateurs (sièges de bureau, écran supplémentaire, souris ergonomique, etc.) ou allocation d’un budget pour s’en doter.
- participation forfaitaire négociée pour dédommager le collaborateur qui met à disposition son local personnel pour l’exercice du télétravail
- encadrement du télétravail en instaurant et rappelant les bonnes pratiques (droit à la déconnexion, respect des horaires et du temps de travail, soutien du management…)
- respect de la vie privée en interdisant toute forme intrusive de contrôle de l’activité du collaborateur (surveillance auditive ou visuelle par exemple, rapports d’activités, énumération des tâches journalières)
- aménagements d’horaires spécifiques pour les parents et les salariés en charge de personnes vulnérables.