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Congé spécifique pour soigner
UN DÉCRET PARU LE 20 AVRIL 2007 relatif au congé de soutien familial crée un nouveau congé destiné aux salariés et aux non-salariés qui interrompent leur activité professionnelle pour s'occuper d'un parent gravement malade (1). Ce congé annoncé lors de la conférence de la famille qui se tenait le 3 juillet 2006 est censé intéresser quelque 15 000 personnes. Si l'Union nationale des associations familiales (UNAF) s'en félicite, d'autres réactions évoquent "le risque de désengagement des pouvoirs publics dans l'aide aux personnes dépendantes". En effet, il est plus aisé et surtout moins coûteux de permettre à une personne de bénéficier d'un congé non rémunéré pour s'occuper d'un malade que d'apporter de véritables aides nécessaires à la personne concernée. Outre le congé de soutien familial, le congé de présence parentale, le congé de solidarité familiale ou encore les congés pour enfant malade constituent d'autres possibilités pour assister un membre de sa famille atteint d'une maladie.
Le congé
de soutien familial
Le congé de
soutien familial est ouvert aux salariés et non-salariés (voir
encadré) qui interrompent leur activité professionnelle pour s'occuper
d'un parent gravement malade ou handicapé (2). Le décret
publié le 20 avril institue la parution d'un guide concernant l'aidant
familial. Mis en ligne sur le site www.famille.gouv.fr, ce guide fournit
aussi tous les renseignements nécessaires pour valoriser, au titre de
la validation des acquis de l'expérience, les années passées auprès
d'un proche malade. Conditions
d'accès au congé Tout
salarié ayant au moins deux ans d'ancienneté dans son entreprise et
dont un parent est dépendant a le droit de prendre un congé de soutien
familial. Ce congé ne peut pas être refusé, ni être reporté par
l'employeur. Pour
bénéficier de ce congé (3), le salarié doit
adresser à son employeur, au moins deux mois avant le début de ce
congé, une lettre recommandée avec demande d'avis de réception ou lui
remettre en main propre une lettre contre décharge l'informant de sa
volonté de suspendre son contrat de travail à ce titre et de la date
de son départ en congé. En cas
d'urgence, liée notamment à une dégradation soudaine de l'état de
santé de la personne aidée, attestée par un certificat médical, ces
délais de prévenance sont ramenés à quinze jours. Il en est de même
en cas de cessation brutale de l'hébergement en établissement dont
bénéficiait la personne aidée, confirmée par le responsable de
l'établissement. Si le
salarié veut mettre fin de façon anticipée à son congé ou y
renoncer (voir les circonstances ci-après), il adresse une demande
motivée à l'employeur par lettre recommandée avec avis de réception
ou par lettre remise en main propre contre décharge, au moins un mois
avant la date à laquelle il entend bénéficier de ces dispositions. En
cas de décès de la personne aidée, ce délai est ramené à deux
semaines (4). La personne
aidée doit être un proche parent le conjoint, le concubin, le
partenaire de pacte civil de solidarité (Pacs), l'ascendant, le
descendant, l'enfant à charge, le collatéral jusqu'au quatrième
degré. La personne doit présenter un handicap ou une perte d'autonomie
d'une particulière gravité (voir ci-après les critères). Le parent
aidé doit résider en France de façon stable et régulière et ne doit
pas être placé en établissement, ni chez un tiers autre que le
salarié. Le salarié
doit accompagner sa demande des documents suivants (5). - une
déclaration sur l'honneur du lien familial du demandeur avec la
personne aidée ; -une
déclaration sur l'honneur du demandeur précisant qu'il n'a pas eu
précédemment recours, au long de sa carrière, à un congé de soutien
familial ou, le cas échéant, la durée pendant laquelle le demandeur a
bénéficié d'un tel congé ; -lorsque la
personne aidée est un enfant handicapé à la charge du demandeur (6)
ou un adulte handicapé, une copie de la décision prise en application
d'une législation de sécurité sociale ou d'aide sociale subordonnée
à la justification d'un taux d'incapacité permanente au moins égale
à 80 % -lorsque la
personne aidée souffre d'une perte d'autonomie, une copie de la
décision d'attribution de l'allocation personnalisée d'autonomie (7). La durée
du congé de soutien familial
Le congé de
soutien familial est d'une durée de trois mois, renouvelable dans la
limite d'une année pour l'ensemble de la carrière professionnelle du
salarié. Le salarié doit cesser totalement son activité. En cas de
renouvellement du congé de façon continue, le salarié doit avertir
son employeur de cette prolongation au moins un mois avant le terme
initialement prévu, par lettre recommandée avec demande d'avis de
réception. En cas de renouvellement non continu, les conditions de
prévenance sont de deux mois. Un
congé non rémunéré Pendant le
congé de soutien familial, le contrat de travail est suspendu et le
salarié n'est pas rémunéré, sauf s'il bénéficie de dispositions
conventionnelles plus favorables. Il peut néanmoins être employé par
la personne aidée. Ainsi, l'allocation personnalisée d'autonomie
allouée à une personne âgée peut rémunérer l'aidant familial à
condition que ce ne soit ni le conjoint, le concubin ou le partenaire
lié par un Pacs (8). Si la personne aidée perçoit
la prestation de compensation du handicap (9), cette
prestation peut être servie à l'aidant, quel que soit le degré de
parenté avec elle. Interruption
du congé Le salarié
peut mettre fin de façon anticipe au congé ou y renoncer dans certains
cas : décès
de la personne aidée ; admission
de la personne en établissement diminution
importante des ressources du salarié ; recours
à un service d'aide à domicile pour assister la personne aidée
; congé
de soutien familial pris par un autre membre de la famille. Le salarié
doit respecter les délais pour prévenir son employeur dans les
conditions exposées ci-dessus. Les conséquences du congé de soutien familial Le congé de soutien familial a des conséquences sur d'autres droits.
La durée du congé de soutien familial est considérée comme une période de travail effectif pour la détermination de tous les droits que le salarié tient de son ancienneté. Mais cette durée n'est pas considérée comme une période de travail effectif pour le calcul du nombre de jours de congés payés. En outre, la période d'absence du salarié pendant le congé de soutien familial est prise en compte pour le calcul des droits ouverts à titre du droit individuel à la formation, ce droit étant ouvert à tout salarié comptant un an d'ancienneté (10).
Pendant le congé de soutien familial, l'aidant soignant conserve son droit aux prestations des assurances maladie, maternité, invalidité et décès (11). Il peut également acquérir des droits à retraite par l'assurance vieillesse du parent au foyer (AVPF), mais seulement si ses revenus (ou ceux du ménage) ne dépassent pas le plafond du complément familial (soit18 563 euros de revenus annuels nets pour la période du 1er juillet 2006 au 30 juin 2007). Cette affiliation à l'AVPF est faite par le bénéficiaire à sa demande par l'organisme débiteur des prestations familiales et sous réserve de la présentation d'une attestation de son employeur indiquant les dates de la prise du congé (12). À l'issue de son congé, si la personne n'a perçu aucune rémunération entant qu'aidant familial et qu'elle reprend son travail, elle conserve ses droits aux prestations en espèces maladie, maternité, invalidité et décès qu'elle avait acquis avant son départ (13). À la fin du congé et après avoir eu un entretien avec son employeur relatif à son orientation professionnelle, le salarié retrouve son précédent emploi ou un emploi similaire assorti d'une rémunération au moins équivalente à celle qu'il percevait avant son congé.
Le congé de solidarité familiale Le congé de solidarité familiale permet à tout salarié de s'absenter pour assister un proche souffrant d'une pathologie mettant en jeu le pronostic vital. Ce congé a remplacé le congé d'accompagnement enfin de vie. Il peut se cumuler avec le congé pour événement familial prévu en cas de décès ou tout autre congé pour convenance personnelle (congé sans solde, congé sabbatique).
Le salarié peut demander un congé non rémunéré pour assister l'un de ses proches souffrant d'une pathologie mettant en jeu le pronostic vital, c'est-à-dire pouvant entraîner la mort d'un ascendant, d'un descendant, d'une personne qui partage son domicile (époux, concubin, personne liée par un Pacs...). Aucune autre condition n'est requise pour bénéficier de ce congé sous réserve de fournir le justificatif médical nécessaire et de respecter la procédure de prévenance exposée ci-après. Le salarié doit informer son employeur de son intention de prendre un congé de solidarité familiale au moins quinze jours avant son départ. Il doit le faire par lettre recommandée avec accusé de réception ou par lettre remise en main propre contre décharge, accompagnée d'un certificat médical attestant que le proche souffre d'une pathologie risquant d'entraîner la mort. Ce congé ne peut pas être refusé ni reporté par l'employeur. En cas d'urgence absolue attestée par le certificat établi par le médecin traitant du malade, le congé peut débuter dès réception (ou remise) de la lettre à l'employeur.
Le congé de solidarité familiale est d'une durée maximale de trois mois renouvelable une fois. Avec l'accord de l'employeur ce congé peut être transformé en congé à temps partiel. Lorsque le salarié décide de renouveler son congé, il doit avertir son employeur par lettre recommandée au moins quinze jours avant le terme initialement prévu. Le congé prend fin :
À l'issue de son congé, le salarié doit retrouver son emploi ou un emploi similaire assorti d'une rémunération au moins équivalente. Comme pour le congé de soutien familial, le congé de solidarité familiale garantit les mêmes droits quant à la protection sociale, et ceux liés à l'ancienneté du salarié (voir ci-dessus).
Le congé de présence parentale Tout
salarié devant s'occuper d'un enfant à charge gravement malade,
handicapé ou accidenté nécessitant la présence d'une personne peut
bénéficier d'un congé de présence parentale. Cette demande doit être accompagnée d'un certificat médical attestant :
Le congé
est attribué pour une période maximale de 310 jours ouvrés (soit
l'équivalent de 14 mois) par enfant et par maladie, accident ou
handicap.
Le congé pour enfant malade Tout salarié peut bénéficier d'un congé en cas de maladie ou d'accident (article L.122-28-8 du code du travail), constaté par un certificat médical, d'un enfant de moins de 16 ans dont il a la charge effective et permanente. Aucune condition d'effectif dans l'entreprise ou d'ancienneté du salarié n'est exigée. La durée de ce congé est au maximum de trois jours par an. Toutefois cette durée est portée à cinq jours si l'enfant est âgé de moins d'un an ou si le salarié assume la charge de trois enfants ou plus, âgés de moins de 16 ans. Par ailleurs, de nombreuses conventions collectives ou des usages accordent aux salariés des jours supplémentaires pour enfant malade. En principe, le salarié n'a aucune rémunération durant ces jours d'absence (hormis des dispositions plus favorables). II n'est pas tenu de demander l'autorisation de s'absenter à l'employeur, mais il doit informer de son absence et transmettre une copie du certificat médical de l'enfant justifiant son état de santé.
La Nouvelle Vie Ouvrière - 11 mai 2007
(1) Décret n° 2007-578 du 18 avril 2007, JO du 20. (2) Article L. 220-20 au nouvel article L. 220-27 du code du travail. (3) Article D. 225-3 du code du travail. (4) Article D. 225-5 du code du travail. (5) Article D. 225-4 du code du travail. (6) Au sens de l'article L. 512-1 du code de la Sécurité sociale. (7) Article L. 232-2 du code de la famille et de l'action sociale. (8) Article L. 232-7 du code de la famille et de l'action sociale. (9) Article L. 232-12 du code de la famille et de l'action sociale. (10) Article L. 933-1 du code du travail. (11) Article L. 161-8 du code de la Sécurité sociale. (12) Article D. 381-22 du code de la Sécurité sociale. (13) Nouvel article L. 378 du code de la Sécurité sociale.
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