GUIDE PRATIQUE


 

Critères d'ordre des licenciements

Loi sur la Sécurisation de l'Emploi

Le Portage Salarial enfin encadré

La Nouvelle loi sur le harcèlement sexuel

Perte du permis de conduire et licenciement

Crédit d'heures et Primes Variables

Le harcèlement moral Collectif reconnu par les juges 

Harcèlement moral : en cas d'agissements répétés

Report des Congés Payés en cas de maladie

Heures supplémentaires : ce qui va changer

Les congés pour soigner un membre de sa famille

Guide Commercial UGICT

Les Comités d'Entreprise et la CNIL

Le Congé Formation Économique, Sociale et syndicale

La validation des Accords d'Entreprise

Les registres obligatoires dans l'entreprise

La Validation des Aquis de l'Expérience Professionnelle

CHSCT : Obligations de l'Employeur

Conditions de Travail : évaluer et prévenir

Temps de travail : suppression des heures d'équivalence ?

Licenciements économiques : critères d'ordre

Avantages en nature

Licenciement abusif

Paiement du temps de trajet

Réduire le risque au travail

Loi de modernisation sociale

Le congé de paternité

Les contraintes vestimentaires au travail

Un salarié peut-il refuser une tâche ?

Obtenir le paiement des heures supplémentaires

Confidentialité du courrier électronique

Égalité homme / femme

Licenciement pour maladie

La taxe Tobin

Calculer et préparer sa retraite

 

 

Le temps de trajet sera un temps payé

 


Le 29 mars dernier, la cour d'appel
de Toulouse a rendu son jugement dans l'affaire opposant Antoine Marini, formateur itinérant qui demandait l'application d'un jugement déjà rendu par le tribunal des prud'hommes de Toulouse lui faisant droit de réclamer la rémunération de ses temps de trajet en temps de travail effectif à l'Afpa, son employeur, qui en refusait les termes...

Considérant "qu'il y a travail effectif lorsque le salarié est, quel que soit le lieu où il est physiquement placé, dans la situation de ne pas disposer librement de son temps et de devoir respecter les directives qui lui ont été données pour les besoins du fonctionnement de l'entreprise", "que cette définition englobe les situations où le salarié n'exécute pas directement sa prestation mais agit conformément aux instruction de l'employeur sans pouvoir vaquer librement à ses occupations personnelles", les magistrats ont confirmé la décision des juges-salariés : "Le temps de transport et de voyage d'Antoine Marini doit être considéré comme du temps de travail effectif."

Tirant les conséquences de l'absence de régime d'équivalence négocié des temps de déplacement dans l'entreprise, dispositif permettant le cas échéant à une direction de s'exonérer de l'intégration du temps de trajet dans le calcul du temps de travail effectif, ils ont condamné l'Afpa à verser 82261,17 francs au plaignant au titre des heures supplémentaires déjà réalisées, 184ô9,18 francs au titre des repos compensateurs non pris, 10073,04 francs au titre des congés payés afférents, 8394 francs comme récupération des treizièmes mois non perçus.

Depuis 1996, le syndicat Cgt de l'organisme réclamait l'ouverture de négociations sur l'organisation et la rémunération des missions des salariés itinérants. Cette année là, la direction de l'Afpa avait remis en cause le " Manuel pratique de gestion des enseignants itinérants " et imposé, par-là même, des règles de plus en plus contraignantes aux formateurs qui pouvaient être contraints, sans compensation aucune, de quitter leur domicile le dimanche après-midi pour se rendre sur un lieu de formation... En vain ! Las de ne pas être entendu, Antoine Marini, élu Cgt, avait décidé en 1998 de se pourvoir devant le tribunal des prud'hommes pour réclamer la rémunération de ses temps de déplacement professionnel. " Pour faire un exemple ", explique-t-il. On connaît la suite. Désormais, l'organisme paritaire a deux mois pour se pourvoir en cassation... La tâche va être dure.

" Sur le plan juridique la décision des juges de Toulouse est difficilement contestable. Mais tout est encore possible, commente M. Phalipou, défenseuse d'Antoine Marini. La Cour de cassation pourrait être sensible au coût que risque de faire porter ce jugement à toutes les entreprises qui refusent encore de considérer les temps de déplacement professionnel comme du temps de travail effectif. " Dans ce cas, l'affaire deviendrait plus politique. Depuis des mois, les juristes alertent les plus hautes autorités de l'Etat sur le vide juridique entourant la définition du temps de travail effectif. En vain. Les salariés, les syndicats disposent désormais d'une base de travail fort intéressante. Décidera-t-on de l'invalider ?

En complément de leur décision, les juges toulousains ont précisé encore ceci : l'indemnité des frais de déplacement "ne peut être prise en considération dans la rémunération du [temps de déplacement] ; les frais professionnels sont engagés dans le seul intérêt de l'entreprise et ont pour objet de restituer au salarié les sommes dont il a fait l'avance aux lieu et place de l'employeur". Les primes de compensation "ne peuvent être liées à la durée des déplacements mais [le sont] à la contrainte tenant à la mobilité imposée au salarié". De même, "quelle que soit l'organisation envisagée par l'entreprise, elle ne peut avoir pour conséquence de porter atteinte au temps de repos légal ou conventionnel hebdomadaire du salarié".
De quoi intéresser plus d'un salarié, ingénieur, cadre ou technicien...

Extrait  d'Options juin 2001